« Carènes, Acte II » est un ouvrage qui peut s’appréhender de bien des manières. La première approche s’opère naturellement par la découverte des images, à travers lesquelles je donne à voir ma vision des bateaux. Une autre clé de lecture réside dans les textes signés du talentueux écrivain de mer Christophe Agnus, accompagnant sublimement mes photographies. Intimement liés, textes et images se conjuguent pour donner vie à cette grande déclaration d’amour au monde maritime.
Ensemble, nous nous sommes prêtés à une brève interview, retraçant notre première rencontre et notre collaboration artistique et amicale autour de mon dernier ouvrage.
Pouvez-vous me parler de votre première rencontre ?
Christophe Agnus : C’était à Brest, il y a quelques années. J’ai contacté Ewan car j’avais découvert son travail et, vu qu’il était Brestois comme moi (même si je n’y réside plus), j’ai trouvé intéressant de le rencontrer, de le connaître. Nous devions juste prendre un café et nous sommes finalement restés plus de quatre heures à discuter. Après, nous sommes restés en contact et revus régulièrement.
Ewan Lebourdais : En effet, ce café a scellé la rencontre de deux passionnés de mer ! J’ai notamment appris que Christophe était le fils du chef mécanicien du sous-marin la Minerve, disparu dans les années 60. Son histoire personnelle est intimement liée au « monde du silence », auquel j’ai consacré un ouvrage entier en 2019 (SUB). Nous avons également beaucoup parlé de ses missions en tant que Grand Reporter pour l’Express, étant moi-même passionné de photographies de reporters de guerre. Nous nous sommes retrouvés sur bien des sujets !
Connaissiez-vous respectivement le travail de l’autre avant cette collaboration sur « Carènes, Acte II » ?
CA : Bien sûr, même si je ne connaissais pas tout, j’avais acheté deux des précédents livres d’Ewan et vu pas mal de ses photos sur les réseaux.
EL : Pour être honnête, j’ai découvert le travail de Christophe lors de notre première rencontre. Suite à cela, je me suis plongé avec beaucoup de plaisir dans sa chronique photo hebdomadaire, publiée chaque lundi dans les pages Télégramme, et j’ai acheté tous ses livres ! Aussi, lorsque le moment fut venu, je ne me suis pas longtemps posé la question de savoir à qui j’allais confier rédaction des textes de mon prochain livre !
Comment s’est organisé le travail de rédaction autour de l’ouvrage ?
EL : Avec les éditions Odyssée, nous avons présenté à Christophe le chemin de fer du livre. Nous avons passé de nombreuses heures à expliquer chaque image, chaque contexte de prise de vue, comment je percevais le sujet à travers mon œil de photographe, ce qu’il s’était passé lors du shooting, l’émotion du moment… A la suite de ce grand brainstorming, nous avons finalement peu échangé tous les deux.
CA : Nous nous sommes d’abord mis d’accord sur le style de textes. Ni Ewan ni moi ne voulions de la technique, mais de l’émotion, des textes qui font voyager et qui permettent d’embarquer une seconde fois dans les images. Ewan a pris le temps de commenter ses photos une à une, pour me donner des éléments de contexte. Je lui ai, enfin, transmis une première proposition sur quelques textes, pour vérifier que nous étions en phase. Il a aimé, alors j’ai continué.
EL : Quand Christophe m’a remis son manuscrit, j’ai immédiatement adoré. Beaucoup de ses textes m’ont fait vibrer. La grande liberté que nous lui avons laissée pour ses écrits a donné quelque chose de singulier. J’ai eu très peu de corrections à suggérer.
Un mot sur vos univers respectifs ?
CA : Ewan est un esthète, il aime la beauté graphique qui donne de l’émotion. Il a un œil unique en ce sens que l’on reconnait une photo d’Ewan Lebourdais avant de voir la signature. Ce que j’aime aussi, c’est qu’il aime tout ce qui est marin. Ce n’est pas un photographe de voile, de surf, de navire militaire ou de commerce. C’est un photographe de mer, un artiste du monde maritime. Il englobe tout cet univers dans ses photos, comme moi j’essaie de le faire dans mon écriture. C’est sans doute pour cela, pour cette même volonté d’embrasser le maritime dans sa totalité, que nous nous entendons bien.
EL : Christophe vit la mer intensément, il en parle comme s’il la vivait au quotidien. Il y a de l’eau salée qui coule dans ses veines ! Il connaît tout de la planète maritime et il échange à ce sujet de manière toujours passionnée. C’est aussi quelqu’un qui a une grosse capacité de travail. Il a cette manière d’écrire simplement des choses complexes, et cette faculté dans ses écrits à faire vivre la mer au plus grand nombre à travers des mots justes, forts, et emplis d’émotion.