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Gueule de mer, des yeux qui puent la mer et des rides qui racontent les galères.

Eugène Riguidel incarne l’essence même du marin breton. Son visage buriné raconte les tempêtes de l’Atlantique, et ses yeux, si perçants, semblent toujours sonder l’horizon. Né en 1940 à Arradon, ce navigateur et militant écologiste a défié les océans et les conventions.

Il est de ceux qui, à la barre, domptent l’impossible. Double vainqueur de la Transat en double avec Gilles Gahinet, il a marqué l’histoire de la voile en brisant les records et en affrontant des mers que peu osent défier. Ses rides ne sont pas seulement les marques du temps, elles sont les cicatrices de chaque bord remonté contre le vent, de chaque nuit passée à tenir bon malgré la furie des vagues et des longues heures incertaines passées dans la pétole.

Eugène, c’est aussi une légende ancrée dans la culture populaire. Son nom résonne dans « Dès que le vent soufflera » du chanteur Renaud, hymne maritime incontournable où le chanteur évoque avec tendresse et respect ce marin qui a fait des océans son terrain de vie et de combat. Il n’est pas un simple marin, il est l’incarnation de cette relation viscérale avec l’océan, une gueule de mer qui ne ment pas.

Riguidel, c’est un personnage de mer taillée dans le granit breton, une âme libre. Et lorsqu’il parle, sa voix porte la force du vent chargé de sel, témoignant d’une vie où chaque ride raconte des galères maintes fois surmontées.

Quand on prend des embruns plein le visage des semaines durant, quand le sel brûle la peau et que le vent fouette les paupières, les yeux s’exposent à la pression du large. À force de fixer l’horizon, on finit par ne plus voir la terre de la même manière. Son regard porte l’odeur des embruns, ils sentent les heures passées à scruter l’horizon, en quête d’une route certaine, peut-être, en quête de sens.

Dans ma série de portraits en niveaux de gris « Gueule de mer », il est plus qu’un visage. Il est l’histoire vivante d’une génération de marins, d’hommes et quelques femmes de mer pour qui l’horizon n’a jamais de fin, pour qui les lignes d’arrivée ne sont que les rebonds d’un nouveau départ. Une génération qui a vécu dans « Les années vagues » pour le plus grand bonheur des souvenirs qu’ils nous procurent et transmettent aux nouvelles générations.