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3650-B-35 – Dans l’anonymat d’un matricule.

Aujourd’hui, je suis profondément honoré d’avoir reçu la décoration du Mérite Maritime des mains du vice-amiral d’escadre Xavier Petit, Alfost, dans le cadre de la cérémonie du 11 novembre à Brest.

Je profite de ce moment, en pleine conscience du privilège qui m’est accordé, pour dédier cette décoration à un Marin anonyme qui portait le matricule « 3650-B-35 ».

À celles et ceux qui, comme mon grand-père maternel, Georges HEULOT, ont servi leur pays avec humilité et détermination, sans attendre ni recevoir de distinction.

Juste parce que c’était leur devoir.

Juste parce que c’était son devoir, il s’engagea dans la Marine en 1935 et obtint le BE de charpentier de marine de première classe. Quartier-maître en 1938, il se réengagea pour trois ans et fit le tour du monde à bord de la seconde Jeanne d’Arc, un magnifique cuirassier contre-torpilleur. Son épouse, Louise, nota fièrement au stylo sur une feuille volante « Singapour, Sydney, les Marquises, Fort-de-France, Bahia, Panama… ».

De passage sur la BAN de Lanvéoc en 1940, il fut fait prisonnier et déporté avec ses compagnons d’infortune au « Stalag 1a », un camp situé en Prusse orientale. Cela dura près de deux ans.

Juste parce que c’était son devoir, il a donné à son pays six années de sa vie anonyme.

Juste parce que c’était leur devoir, celles et ceux qui ont eu la chance de retrouver leur famille ou d’en fonder une après leur engagement sont rentrés et ont retrouvé l’anonymat du civil. Cent pour cent de ces Français méritent qu’on les honore. Leur sacrifice et leur engagement demeurent une source d’inspiration pour les générations futures.

Si l’on ne sait pas d’où l’on vient, on ne peut imaginer où l’on va.

Photos ©Julien Creff