Si un dessinateur avait pu inspirer Platon pour mettre en scène l’allégorie de la caverne, ce serait assurément lui. A Lascaux, il aurait été un leader d’émotion, le traducteur de ce besoin insatiable et si humain de mettre des traits sur des scènes fantasmagoriques, réelles ou supposées.
Emmanuel Lepage est né un peu plus tardivement, pour le plus grand bonheur de la Marine nationale ! En effet, il fut, en 2021, le premier dessinateur de bande dessinée à être nommé Peintre officiel de la Marine. Quelle bonne pioche ! Il suffit d’observer les files d’attente interminables lors de ses séquences de dédicaces pour s’en convaincre. Comptez deux à trois heures… Et pour cause. Emmanuel fait partie d’un cercle très fermé d’auteurs à succès dans ce monde très concurrentiel.

©Le Télégramme / Thierry Charpentier
Un seul ouvrage à vous conseiller ? Ar-Men, l’Enfer des enfers aux éditions Futuropolis
Dialogues intérieurs (ou réels ?!) d’un gardien de phare en perdition, richesse intérieure et fantasme de la solitude ultime. Des dessins à couper le souffle dans lesquels on se perd et voyage loin. Très loin. Des tons chauds, des tons froids, des tons Glaz. Un voyage chromatique riche et varié…

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir ses deux œuvres exposées à Plérin dans les Côtes d’Armor récemment (voir l’article). Deux sujets qui me sont chers, dont certains parallèles avec les naufrages entretiennent les mythes qui rendent les colères de l’océan et de ses habitants si attirantes.

Moby-Dick. Herman Melville avait-il rencontré Emmanuel avant l’écriture de son roman ? Quelle chance de pouvoir saisir du crayon l’insaisissable. Être au bon endroit au bon moment, c’est le talent de l’artiste inspiré ! ©Emmanuel Lepage

Amoco Cadiz. Perspective du naufrage gluant sous le regard désabusé du phare de l’Île Vierge. Glaçant, exaltant, exceptionnel. ©Emmanuel Lepage